
Bien le bonjour les gens. Un petit extrait du roman Equilibrume mais aussi une de mes dernière illustration pour mettre en image cet écrit.
" Tuya était comme en transe. Ses petites lunettes crantées ne tournaient plus, c'est comme si, pour une fois, elle voyait vraiment, comme si tout était limpide et clair. Elle continuait de bouger les cordes, de les faire vibrer, de taper du plat de la main. Et je voyais les cordelettes de brumes enlacer le tronc et j’appréciais la chorégraphie complexe des branches. Je pouvais presque voir les feuilles, je les devinais, plutôt. Les notes, comme les avaient appelées la musicienne, suivaient le mouvement, comme une nuée d'oiseaux, elles filaient, enlaçant le plus souvent Tuya et le tronc, là où l'instrument se trouvait. Et plus elle jouait , plus le tronc s'agrandissait, s'élargissait. -Il est en train de se transformer. criais-je pour que la musicienne m'entende. Elle ne répondit pas de suite, puis dans un souffle. -Non, c'est nous qui le voyons tel qu'il est, sans illusion, il ne change pas Ayvi, c'est notre vision des choses qui change. Je ne comprenais pas grand chose à ce qu'elle disait et je reculais, par prudence, pour ne pas finir écrasée par cet arbre qui devenait de plus en plus immense. Plus je le regardais, plus il me faisait penser à un gardien, à une chimère, une de celle qui garde jalousement les portes et à qui il ne vaut mieux pas se frotter. -Tuya, je ne suis pas sur que se soit une très bonne idée. Mais elle ne m'entendait déjà plus. L'instrument l'engloutissait, l'arbre se refermait sur elle et je ne la voyais presque plus. Si c'est à ça qu'il ressemble vraiment, je comprends mieux pourquoi il se cache derrière une apparence de gentil petit arbre. Il était maintenant gigantesque, monstrueusement gigantesque. Les racines palpitaient dans son tronc comme des veines et ses branches c'étaient peu à peu transformer en de véritables tentacules. Tuya faisait vibrer de plus en plus vite les cordes de l'instrument, toujours incrusté au creux du tronc. L'arbre, aux allures de craken, était maintenant soulevé de terre, il trônait comme une gargouille sur une porte en pierre. Puis soudain, plus rien, plus de musique, plus de mouvement, Tuya avait cessé de jouer, alors je cria. -Tuya, tout va bien? Aucune réponse. Ma bouche devint sèche, mon cœur accéléra sa course, comme si cela était encore possible. -Tuya!! hurlais-je, prise de panique, ne sachant quoi faire d'autre que de crier son nom. -Oui, oui, tout baigne, j'ai jamais pris autant mon pied! Je ne pu m’empêcher de sourire. -Tu peux descendre? -Non, mais tout va bien. On se retrouve de l'autre côté mais grouilles-toi de traverser. J'ai bien peur que nous ne voyons plus très vite les choses tel qu'elles sont. -Ok. dis je en attrapant ma petite mott. Viens Moka, on y va. Et je traversa l'entrée noir. "
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